Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/392

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mouches, mais il n’en mettoit pas pour une. Une fois il voulut débaucher la princesse Marie, aujourd’hui la reine de Pologne. Elle lui avoit envoyé demander audience. Il se tint au lit ; on la fit entrer toute seule, et le capitaine des gardes fit sortir tout le monde. « Monsieur, lui dit-elle, j’étois venue pour… » Il l’interrompit : « Madame, lui dit-il, je vous promets toute chose, je ne veux point savoir ce que c’est. Mais, madame, que vous voilà propre ! jamais vous ne fûtes si bien ! Pour moi, j’ai toujours eu une inclination particulière à vous servir. » En disant cela, il lui prend la main… Elle la retire, et lui veut conter son affaire. Il recommence, et lui veut prendre encore la main. Elle se lève, et s’en va. Pour madame d’Aiguillon et madame de Chaulnes, nous dirons cela ensuite quand nous viendrons à l’Historiette de madame d’Aiguillon. Le cardinal aimoit les femmes ; mais il craignoit le Roi, qui étoit médisant.

M. de Chavigny délibéra de faire appeler l’hôtel de Saint-Paul l’hôtel de Bouteiller, et de le mettre sur la porte. Le cardinal de Richelieu s’en moqua, et lui dit : « Tous les Suisses y voudront aller boire : ils liront l’hôtel de la bouteille. » L’archevêque de Tours signoit toujours Le Bouteiller ; il prétendoit venir des comtes de Senlis. Dans la vérité, ils sont venus d’un paysan de Touraine qui se transplanta à Angoulême ; son fils eut quelque charge. Du côté des femmes, ils viennent de Ravaillac, c’est-à-dire d’une sœur de Ravaillac : au moins en sont-ils bien proches. Le père de l’archevêque et du surintendant étoit avocat à Paris, et avoit écrit l’histoire de Marthe Brossier[1], cette fille

  1. Marthe Brossier étoit fille d’un tisserand de Romorantin ; elle fut