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LA PRINCESSE DE CONTI[1].


La princesse de Conti étoit fille du duc de Guise, que Henri III fit tuer aux États de Blois ; mais avant que de parler de ses galanteries, je dirai quelque chose de celles de sa bisaïeule et de sa mère. Madame de Guise[2], mère de François, duc de Guise, tué au siége d’Orléans, étant amoureuse d’un seigneur de la cour, pour jouir de ses amours et éviter les mauvais bruits, le faisoit conduire la nuit, dans sa chambre, les yeux bandés, et on le ramenoit de même. Un de ses amis lui conseilla de couper de la frange du lit, et d’aller après chez toutes les dames, pour voir s’il trouveroit de la frange semblable. Il découvrit ainsi qui étoit la dame, et au premier rendez-vous, il le lui fit connoître ; mais cette impertinente curiosité rompit leur commerce. M. d’Urfé a mis cette histoire dans l’Astrée sous le nom d’Alcippe[3], père de Céladon, c’est-à-dire père de M. d’Urfé lui-même ; et ce pourroit bien être en effet quelqu’un de sa maison, car

  1. Louise de Lorraine, fille du duc de Guise, dit le Balafré, femme de François de Bourbon-Conti, troisième fils de Louis de Bourbon, premier du nom, prince de Condé. Née en 1577, elle épousa le prince de Conti en 1605, et mourut à Eu en 1631.
  2. Antoinette de Bourbon. C’étoit une honnête femme ; ce conte ne lui convient pas trop bien. (T.)
  3. Voyez l’histoire d’Alcippe, dans le deuxième livre de la première partie de l’Astrée.