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Guise n’en seroit pas mieux pour avoir son appui ; qu’il étoit un ingrat, lui qu’il avoit élevé de rien, de s’aller offrir contre un prince du sang à ceux qui avoient tâché d’ôter la couronne et la vie à son bienfaiteur. M. du Maurier ne dit pas la moitié de ce que le Roi lui avoit donné charge de dire ; cependant mon homme fut si abattu que c’étoit une pitié, car comme dans la prospérité il étoit insolent, de même il étoit lâche et failli de cœur dans l’adversité.

Il eut une querelle ensuite avec M. le comte de Soissons pour quelques assignations où il rebuta fort ce prince. Ceux de Lorraine s’offrirent à lui pour lui rendre la pareille, dont le Roi fut fort irrité. Ce qu’il conte d’une autre querelle avec M. le comte pour un logement à Châtellerault est faux[1] : M. le comte lui eût passé l’épée au travers du corps. Quoiqu’il fût gouverneur du Poitou, il n’y avoit pourtant nul crédit.

Il se vanta d’avoir fait donner le gouvernement de Provence à feu M. de Guise[2], et M. le chancelier de Chiverny fit ses protestations contre cela[3]. Il blâme M. d’O[4], qui pourtant avoit les mains nettes, et qui, au lieu de s’enrichir dans la surintendance, y mangea son bien.

Il passe par-dessus M. de Sancy, comme s’il n’avoit point été surintendant[5]. M. de Sancy fut chassé pour avoir dit au Roi, au siége d’Amiens, comme il lui demandoit conseil sur son mariage avec madame de Beaufort, en présence de M. de Montpensier, que « p.....

  1. Mémoires de Sully, liv. 22.
  2. Mémoires de Sully, liv. 7.
  3. Mémoires d’État de messire Philippe Hurault, comte de Chiverny, 1636, in-4o.
  4. Mémoires, liv. 4 et 7.
  5. Mémoires, liv. 7.