Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

troient le Roi. Bassompierre disoit que quand il pleuvoit ils alloient chercher des dames de leurs amies pour faire des visites avec elles. Arnauld le Péteux[1] a été le premier garçon de la ville qui en ait eu, car les hommes mariés en eurent avant lui. Le Roi ne trouva pas bon que Fontenay-Mareuil[2] en eût un, on lui dit qu’il s’alloit marier. Enfin les carrosses devinrent tout communs ; on ne savoit ce que c’étoit que des chevaux d’amble, le Roi seul avoit une haquenée ; du temps d’Henri IV même cela étoit ainsi ; on trottoit après le Roi.

Quand le Roi fit M. de Sully surintendant, cet homme, par bravoure, fit un inventaire de ses biens qu’il donna à Sa Majesté, jurant qu’il ne vouloit que vivre de ses appointemens et profiter de l’épargne de son revenu, qui ne consistoit alors qu’en la terre de Rosny. Mais aussitôt il se mit à faire de grandes acquisitions, et tout le monde se moquoit de son bel inventaire. Le Roi témoigna assez ce qu’il en pensoit, car M. de Sully ayant un jour bronché dans la cour du Louvre, en le voulant saluer, comme il étoit sur un balcon, il dit à ceux qui étoient auprès de lui, qu’ils ne s’en

    deaux, maître des comptes, son premier mari. » (Antiquités de Paris, tome Ier, p. 191.)

  1. On trouvera plus bas un article sur cet Arnauld ; on y donne la raison du surnom bizarre qu’il portoit.
  2. Ceci doit être entendu de Louis XIII et non de Henri IV. François Du Val, marquis de Fontenay-Mareuil, élevé auprès du dauphin, comme enfant d’honneur, n’avoit que quinze ans à la mort de Henri IV. Il épousa en novembre 1626 Suzanne de Monceaux. Fontenay-Mareuil s’est rendu célèbre dans la carrière des ambassades ; il a laissé des Mémoires importants qui ont été publiés pour la première fois dans la première série de la Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France, tomes 50 et 51.