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Saulx, et l’autre à M. de Créqui[1] son père, afin de leur conserver tout le bien de M. le connétable. Il est vrai qu’il y eut quelque intervalle de temps entre ces deux mariages, car l’aînée de ces filles, mariée au marquis de Montbrun, fut démariée pour épouser le comte de Saulx dont elle étoit tante ; il étoit fils de la fille du premier lit de M. de Lesdiguières.

Ce mariage ne fut pas heureux, et la comtesse de Saulx mourut bientôt sans enfants. Voilà pourquoi, comme on avoit toujours la pensée de conserver tout le bien à M. de Créqui et à ses enfants, la cadette ne pouvant pas être épousée par M. le comte de Saulx, qui étoit veuf de sa sœur de père et de mère, ni par M. de Canaples, qui étoit marié avec une parente de MM. de Luynes, sœur de Combalet. Il fallut que M. de Créqui l’épousât, quoiqu’il fût veuf d’une sœur du premier lit et beau-frère de celle qui venoit de mourir. Le pape, quand on lui demanda la dispense pour ce dernier mariage, dit qu’il falloit un pape tout entier pour donner toutes les dispenses que ceux de cette maison demandoient. Et il ne laissa pourtant pas de la donner.

Ce mariage du maréchal de Créqui fut encore plus malheureux que les autres. Sa femme et lui ne vivoient pas bien ensemble, et un nommé Najère, chef de son conseil[2], le fit résoudre, après la mort du connétable, à une méchanceté qu’on auroit de la peine à croire, qui fut de faire persuader à la maréchale, qui

  1. Charles, maréchal de Créqui, épousa Madeleine de Bonne, fille du connétable de Lesdiguières. Il mourut en 1638, à l’âge d’environ soixante et onze ans.
  2. Il étoit garde-des-sceaux du parlement de Grenoble.