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l’esprit court. En récompense, il étoit brave, riche, galant, libéral, dansoit bien, étoit bien à cheval et avoit toujours des gens d’esprit à ses gages, qui faisoient des vers pour lui[1], qui l’entretenoient fréquemment, et lui disoient quel jugement il falloit faire des choses qui couroient en ce temps-là.

Il donnoit beaucoup aux pauvres. Il étoit aimé de tout le monde, mais adoré de son quartier. Il étoit fort libéral. Il entendit qu’un gentilhomme disoit : « Si je trouvois vingt mille écus à emprunter seulement pour deux ans, ma fortune seroit faite. » Il les lui prêta. Au terme le gentilhomme lui rapporta l’argent. « Allez, lui dit-il, c’est assez que vous m’ayez tenu parole ; je vous les donne de bon cœur. »

On dit qu’il envoya une fois à la marquise de Sablé, durant sa grande passion, une donation de quarante mille livres de rente en fonds de terre, mais qu’elle ne la voulut pas recevoir.

Il aima d’abord la Choisy, fille de bon lieu, mais très-galante. Elle fut mariée depuis, et fit mettre sur son tombeau, comme l’on voit à Saint-Paul, qu’elle avoit été fort estimée des grands, et qu’elle avoit eu l’amitié de plusieurs.

Après, il fut amoureux de la Reine ; les Anglois l’interrompirent. C’étoit en même temps que M. de Bellegarde. Il recommença après. Il en avoit un portrait, et une fois il fit mettre un homme à genoux pour le lui montrer.

Bassompierre et lui eurent querelle. Bassompierre dansoit mal, et il s’en moqua à un bal. « Il est vrai,

  1. Théophile, Mairet. (T.)