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sur les oreilles à un petit d’Aubray qu’il avoit mis à Arras pour les finances.

Le maréchal de Brezé, pour faire enrager de Noyers, mettoit toujours des ordures dans les lettres qu’il lui écrivoit, comme : « Allez vous faire f.... avec vos f..... ordres. » Le moyen, disoit le petit homme, que les affaires du Roi prospèrent après ces abominations-là ! Il avoit le département de la guerre.

Ce n’est pas que Saint-Prueil ne fût un homme violent et un tyran, mais galant homme du reste, et qui dépensoit tout. Il y a dans son procès imprimé une lettre du feu Roi, qui est une ridicule lettre. La voici : « Brave et généreux Saint-Prueil, vivez de concussion, plumez la poule sans crier ; faites comme font tels et tels ; faites ce que font beaucoup d’autres dans leurs gouvernements ; tout est bien fait pour vous ; vous avez tout pouvoir dans votre empire ; tranchez, coupez ; tout vous est permis ! »




M. DE BULLION[1].


M. de Bullion étoit conseiller au parlement. Son père étoit maître des requêtes[2]. Il rapporta je ne sais quelle affaire pour la comtesse de Sault, mère de M. de Créqui ; elle l’avoit eu du premier lit ; puis le comte

  1. Claude de Bullion, seigneur de Bonelles, surintendant des finances, ministre d’État, garde des sceaux des ordres du Roi, mort le 22 décembre 1640.
  2. Sa mère étoit une Lamoignon.