Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/256

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sur laquelle Montausier avoit le coude appuyé. Cela ne plus pas à M. le gouverneur, mais il eut tort de le chatouiller, comme il fit, car après il lui dit sérieusement : « Vous avez le cul un peu près de mon nez, et vous perdez le respect. » L’autre parla assez hardiment ; Montausier s’emporte, appelle ses gardes. « Prenez-le-moi. » Langallerie, au lieu de dire simplement Je cède à la force, met l’épée à la main. Il falloit périr en cette rencontre-là, et non pas se laisser mener en prison comme il fit. Il y fut quinze jours. Montausier est un peu amoureux de Pelloquin ; mais madame de Montausier la fait bien soutenir, la traite bien, mais lui rabat fort son caquet quand il le faut. C’étoit une fille à elle qu’on a mariée avec un gentilhomme de M. de Montausier, à qui on a donné la lieutenance de roi de la ville et citadelle de Xaintes. Il s’appelle La Grange.

Parlons un peu de leur fille. Cette enfant, car elle n’a encore que onze ans, a dit de jolies choses, dès qu’elle a été sevrée. On amena un renard chez son papa ; ce renard étoit à M. de Grasse. Dès qu’elle l’aperçut elle mit ses mains à son collier ; on lui demanda pourquoi : « C’est de peur, dit-elle, que le renard ne me le vole : ils sont si fins dans les Fables d’Ésope. » Quelques mois après on lui disoit : « Tenez, voilà le maître du renard ; que vous en semble ? — Il me semble, dit-elle, encore plus fin que son renard. » Elle pouvoit avoir six ans quand M. de Grasse lui demanda combien il y avoit que sa grande poupée avoit été sevrée :

    de Langallerie, né en 1656, à la Motte-Charente, en Saintonge, sur lequel on a des Mémoires.