Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/337

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qui se disoit gentilhomme aussi bien que son maître ; mais on en doutoit un peu plus que de l’autre. Doni avoit mieux fait ses affaires que son maître, et avoit acheté la terre d’Attichy, vers Compiègne. Mademoiselle d’Attichy avoit un frère qui fut tué au commencement de la guerre qui dure encore[1], et elle devint héritière.

Adjacetti épousa mademoiselle d’Atri, de la maison d’Aquaviva, au royaume de Naples. La Reine-mère, en considération des services rendus à la France par ceux de cette maison, qui s’étoient ruinés en suivant son parti, amena cette fille avec elle. Elle voulut bien épouser ce partisan, qui, à cause de cela, acheta le comté de Château-Vilain, et elle disoit assez plaisamment : « Il aura le vilain, et moi j’aurai le château. » Adjacetti mourut trop tôt, et laissa ses affaires fort embrouillées. M. de Vitry voulut avoir Château-Vilain qui étoit à sa bienséance ; cela fit cette grande querelle entre le comte de Château-Vilain, fils d’Adjacetti, et lui, qui alla si loin, que le comte[2] demanda au roi par une requête le combat en champ clos contre M. de Vitry.

Revenons à la comtesse de Maure. Après la mort du maréchal de Marillac, madame d’Aiguillon, qui avoit été amie intime de la comtesse, quand elles étoient toutes deux chez la Reine-mère, envoya savoir de ses nouvelles, et lui fit dire qu’elle n’avoit osé l’aller voir, n’étant pas assurée comment elle seroit reçue. La com-

  1. Ceci a été écrit avant la paix des Pyrénées, en 1659.
  2. J’ai vu le comte de Château-Vilain à Rome, en habit d’ecclésiastique. (T.)