doigts, soit aux côtes, soit au gosier deçà et delà, et les genoux sur l’estomac, il lui faisoit prononcer certaines lettres et les assembler pour demander les choses les plus nécessaires ; l’enfant sortoit tout en eau d’entre ses mains. Madame de Carignan fut si sotte que de chasser cet homme ; elle disoit qu’il étoit espion du roi d’Espagne auprès d’elle. Peut-être eût-il appris à parler à celui qui bégaie tant[1]. Elle disoit que l’aîné parloit comme elle ; or elle parloit comme quatre ; mais elle mentoit per la gola.
Elle vouloit qu’on donnât mademoiselle d’Alais, aujourd’hui madame de Joyeuse, au prince Eugène sans le déclarer héritier. C’est elle qui a fait mourir ce pauvre M. de Vaugelas à force de le tourmenter et de l’obliger à se tenir debout et découvert.
GODEAU, ÉVÊQUE DE VENCE.
M. Godeau[2], qu’on a appelé long-temps M. de Grasse, et qu’on appelle aujourd’hui M. de Vence, est d’une bonne famille de Dreux. Il a eu trente mille écus de partage. Il a toujours été fort éveillé, et sa belle