Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/387

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courage, même, il étoit habillé à son ordinaire, car de tous les auteurs c’est quasi le mieux vêtu, quand M. Chapelain lui fit avouer qu’il ne savoit plus de quel bois faire flèches, et par le moyen de Bois-Robert lui fit rétablir la moitié de sa pension, c’est-à-dire quatre cents écus. Le chancelier, pour qui il avoit fait quelque chose, lui en donna deux cents sur le sceau. Il voulut absolument que cette pension de quatre cents écus fût sur l’état du Roi, quoiqu’il eût été bien mieux payé du cardinal ; pour celle sur le sceau, il la tenoit pour deniers royaux ; il disoit pour ses raisons qu’il ne recevoit que de son prince.

Comme Bois-Robert travailloit à cette affaire, il montra des vers de sa façon à Gombauld, qui, toujours tout d’une pièce, critiqua tout ce qui ne lui sembloit pas bon, sans avoir égard au temps. Bois-Robert, instruit de l’humeur du personnage, prit cela comme il le falloit, et dans un endroit où Gombauld disoit : « Je n’y suis pas accoutumé (c’est une de ses façons de parler), — Hé ! mon cher monsieur, lui dit Bois-Robert, en se mettant quasi à genoux, je vous prie, accoutumez-vous-y pour l’amour de moi. »

Ce fut en ce temps-là que Gombauld fit le panégyrique du cardinal de Richelieu et l’ode au chancelier, qui n’étoit alors que garde-des-sceaux. Dans ce panégyrique il y a de beaux vers ; mais le corps n’en est pas bon. Pour l’ode, elle est fort obscure. On la censura un peu à l’Académie quand il la montra. Lui qui met toujours les choses au pis, dit tout franc que c’étoit envie, et que M. le cardinal leur fît dire que cela n’étoit pas bien de témoigner ainsi de l’aigreur, et qu’il falloit reprendre avec un esprit de douceur et de cha-