Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/53

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tie de jeu, il envoya Lyonne chercher le maréchal par toute la ville. Il faisoit un chaud enragé ; Lyonne trotta partout, et ne trouva le maréchal qu’après avoir sué tout son soûl, car il étoit au parloir de je ne sais quelles religieuses. Il ne voulut pas venir. Il s’apaisa pourtant après, et disoit à cette madame Bigot : « Votre mari n’a qu’à continuer dans son emploi, je ferai noyer quiconque voudra prendre sa place. » À Paris, où elle étoit retournée, quand le duc de Brézé fut tué, elle alla voir le maréchal qui lui fit le meilleur accueil du monde, et la fit mettre sur son lit, parce que madame la Princesse tenoit le fauteuil. Il obligea même M. de Césy à recommencer une histoire du sérail qu’il avoit presque à moitié dite. Il y en avoit trop là pour ne pas mettre martel en tête à mademoiselle Dervois. Elle fit toutes les médisances imaginables. Cependant le bon homme, soit qu’il commençât à secouer le joug, ou qu’il l’eût apaisée, alloit faire société avec la dame et quelques autres femmes ses voisines, lorsque la goutte le prit et qu’il se fit porter en Anjou, où il mourut. Je n’ai que faire de dire que ce n’étoit ni un bon soldat, ni un bon capitaine : l’histoire le dira assez.