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Au commencement, le roi étoit assez gai, et se divertissoit assez avec M. de Bassompierre. Il a dit quelquefois de plaisantes choses[1]. Le fils de Sébastien Zamet, qui mourut maréchal de camp à Montauban (c’étoit beaucoup en ce temps-là), avoit avec lui La Vergue, depuis gouverneur du duc de Brézé, qui étoit curieux d’architecture et s’y entendoit un peu. Or, ce Zamet étoit un homme fort grave et qui faisoit des révérences bien compassées. Le Roi disoit qu’il lui sembloit, quand Zamet faisoit ses révérences, que La Vergue étoit derrière pour les mesurer avec sa toise. Ce fut lui qui fit la chanson :

Semez graine de coquette
Et vous aurez des cocus.


Il aima Barradas violemment. On l’accusoit de faire cent ordures avec lui. Il étoit bien fait. Les Italiens disoient : La bugera ha passato i monti, passera ancora il concilio. J’ai ouï dire à Barradas, qui est un assez pauvre homme, que le cardinal de Richelieu et la feue Reine-mère avoient bien brouillé l’esprit au feu Roi. Ils faisoient venir des gens supposés qui apportoient des lettres contre les plus grands de la cour. La Reine-mère écrivoit au Roi : « Votre femme fait

    santé de Louis, dauphin de France, qui fut ensuite le roi Louis XIII, par Jean Hérouard, seigneur de Vaugrineuse, son premier médecin, est indiquée dans le Père Lelong, comme existant dans la Bibliothèque du Roi, au nombre des manuscrits du Fonds Colbert. (Bibliothèque historique de la France, t. 2, n° 21448.)

  1. Marais disoit au Roi : « Il y a deux choses à votre métier dont je ne me pourrois accommoder. — Hé ! quoi ? — De manger tout seul et de ch… en compagnie. » (T.)