Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/81

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Il peignoit un peu. Enfin, comme dit son épitaphe :

Il eut cent vertus de valet,
Et pas une vertu de maître.


Son dernier métier fut de faire des châssis avec M. de Noyers. On lui a trouvé pourtant une vertu de roi, si la dissimulation en est une. La veille qu’on arrêta MM. de Vendôme, il leur fit mille caresses ; et le lendemain, comme il disoit à M. de Liancourt : « Eussiez-vous jamais cru cela ? — Non, Sire, dit M. de Liancourt, car vous avez trop bien joué votre personnage. » Il témoigna que cette réponse ne lui avoit pas été trop agréable ; cependant il sembloit qu’il vouloit qu’on le louât d’avoir si bien dissimulé.

Il fit une fois une chose que son frère n’eût pas faite. Plessis-Bezançon lui alloit rendre de certains comptes ; et comme c’est un homme assez appliqué à ce qu’il fait, il étale ses registres sur la table du cabinet du Roi, après avoir mis, sans y penser, son chapeau sur sa tête. Le Roi ne lui dit rien. Quand il eut fait, il cherche son chapeau partout ; le Roi lui dit : « Il y a long-temps qu’il est sur votre tête. » M. d’Orléans envoya offrir un carreau à un homme qui, sans y penser, s’étoit assis dans une salle comme Son Altesse Royale s’y promenoit.

Le Roi ne vouloit pas que ses premiers valets-de-chambre fussent gentilshommes ; car il disoit qu’il vouloit pouvoir les battre, et il ne croyoit pas pouvoir battre un gentilhomme sans se faire tort. À ce compte, il ne prenoit pas Béringhen pour un gentilhomme.

J’ai déjà dit qu’il étoit naturellement médisant. Il di-