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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/133

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« Monsieur, prenez un autre train que celui-là ; il n’y a rien de plus vilain. » Je pense qu’enfin Boileau pourroit bien trouver son Boileau, comme Ménage son Ménage.

Il se fait haïr dans sa famille, et a été faire des contes du plaidoyer du fils de Dongois, son cousin-germain. Or, ce Dongois est un greffier, fort homme d’honneur, à qui ils ont tous de l’obligation[1] ; car, quand le père Boileau mourut, ce fut un peu avant le premier président, tout le monde dit : « Dongois, voilà qui vous regarde. — Eh ! messieurs, dit-il, M. Boileau le père, après quarante ans de service, a bien peu mérité, s’il n’a mérité qu’on le considérât dans la personne de son fils aîné. » Le premier président acheva l’affaire. L’aîné Boileau jouoit en ce temps-là avec les grands seigneurs et perdoit. Il s’est retiré du jeu, mais non pas tout-à-fait[2].

  1. Boileau Despréaux continua, lui, à être l’obligé de Dongois ; car il logea chez lui de 1679 à 1687. Il le consulta sur les termes de pratique pour la rédaction de son Arrêt burlesque.
  2. On n’a pas besoin de faire remarquer que dans tout le cours de cet article il n’est question que de Gilles Boileau, le frère aîné de Despréaux, membre de l’Académie françoise. Despréaux, son jeune frère, ne s’étoit pas encore fait connoître. La première édition de ses Satires est de 1666.