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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/184

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la dignité qu’il venoit d’avoir, il envoya assurer le cardinal à Perpignan que lui et tous ceux qu’il commandoit étoient à son service ; qu’ils se rendroient où il voudroit à point nommé.

On dit que ce fut M. de Chavigny qui le proposa au cardinal pour gouverneur du Roi, et que le cardinal avoit dessein de lui donner cet emploi.

M. de Noirmoutier en conte une chose qui me l’auroit bien fait estimer autant qu’autre qu’il ait faite. « Un peu avant sa mort, disoit-il, moi qui étois maréchal-de-camp dans les troupes de Rantzau en Allemagne, je lui écrivis pour quelque affaire, et lui donnois du monseigneur. La première fois qu’il me rencontra, il me dit que je me faisois tort, et qu’il me prioit de ne plus le traiter ainsi. Je répondis que je lui devois cela, que je le reconnoissois pour chef de la noblesse, et que tous les gentilshommes qui ne donneroient pas du monseigneur à messieurs les maréchaux de France, se feroient tort à eux-mêmes. — Pour moi, répliqua-t-il, je n’ai eu cette dignité que par pur bonheur, et une personne de la maison de La Trimouille[1] ne me doit point donner du monseigneur. M. le marquis de Montausier, qui est maréchal-de-camp sous moi, ne m’écrit que monsieur, et si vous me traitez autrement, vous m’obligerez à me plaindre de lui : enfin, je brûlerai vos lettres, si vous ne me promettez ce que je vous demande, et je vous en serai infiniment obligé. » Je ne crois pas que M. de Noirmoutier lui ait écrit depuis, car le maréchal fut tué malheureusement au siége de Rothweil,

  1. Noirmoutier en est. (T.)