Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


toucha si fort que je l’allai prier sur l’heure de faire mon frère l’aîné et de me donner l’abbaye qu’il avoit ; cela est conclu. Sans vous j’allois faire une grande sottise, je vous en aurai de l’obligation toute ma vie. »

Il s’étoit adonné aux mathématiques dès son enfance : il les apprit tout seul. Il n’avoit que vingt-neuf sols quand il commença à lire les livres de cette science, et il échangeoit les livres à mesure qu’il les lisoit. Il avoit écrit assez de choses, mais il n’a daigné rien donner : il faisoit des épîtres burlesques fort naturelles.




LE COMTE DE SAINT-BRISSE.


Le comte de Saint-Brisse étoit le second fils du marquis de Ruffec, d’Angoumois, et de la belle du Lude ; il étoit cadet. Ruffec fut pour l’aîné, et lui eut des terres en Bretagne. C’étoit un homme de plaisir et grand danseur de ballets. Il mourut de la goutte après avoir été sept ans dans son lit sans qu’on le pût jamais remuer ; tout pourrissoit sous lui ; on dit qu’il y vint des champignons.

Le neveu de ce comte, fils du marquis de Ruffec, n’étoit pas mal avec le feu roi (Louis XIII) ; et quand le maréchal d’Ancre fut tué, le Roi lui dit : « Tu n’en oserois faire autant à ton oncle, l’abbé de la Couronne, qui couche avec ta mère. » Ce jeune homme,