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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/259

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La Hoguette[1], celui qui a fait le Testament d’un bon père à ses enfants, étoit à lui. Un jour que le maréchal fut six heures chez une femme, il fit un impromptu qui disoit à la fin :

Il .... ses gens et ne .... pas la belle.

Il épousa en deuxièmes noces madame de Chazeron, une des plus belles femmes qu’on pût voir, mais qui avoit une fine v..... Il disoit : « Si elle me donne des pois, je lui donnerai des féves. » Il en tenoit aussi. Il en fut long-temps amoureux. Un jour il envoya un page pour savoir de ses nouvelles : le page lui rapporta qu’il l’avoit trouvée à table tête à tête avec le maréchal de Brézé, et qu’ils mangeoient des perdrix en carême. Il pesta terriblement contre elle : son fils aîné, le comte d’Estelan, âgé alors de vingt-deux ans, se mit à rire : « De quoi riez-vous ? — C’est que je me suis souvenu de certaines personnes qui, après avoir plus pesté que vous, ne laissoient pas d’épouser les gens. » Aussi l’épousa-t-il ensuite. Cette v..... lui avoit été donnée par son mari, jeune homme qu’on avoit envoyé voyager en Italie après l’avoir marié à dix-sept ans ; il en apporta ce beau présent à sa femme. Huit mois durant en secondes noces elle se porta assez bien ; elle engraissa ; on la croyoit guérie ; mais depuis elle ne fit qu’empirer. Elle étoit tourmentée avant cela d’une faim canine, et ce fut à cause que M. de Saint-Luc avoit le meilleur cuisinier de la cour qu’elle l’é-

  1. Pierre Fortin de La Hoguette. Son livre est intitulé : Testament, ou Conseils d’un père à ses enfants, 1655, in-12.