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JALOUX.


DES BIAS.


Des Bias (d’une terre auprès d’Avranches), frère aîné de Monferville, dont nous avons parlé ci-dessus à l’article de Thémines[1], avant que d’être marié ne bougeoit, à Paris, du b....l et du cabaret. Il étoit grand et bien fait, mais mal propre autant qu’on le peut être : quand sa chemise étoit noire comme la cheminée, il la troquoit contre une neuve chez une lingère, et en changeoit dans sa boutique. Il y a plus de treize ans qu’il est marié à une personne de bon lieu, bien faite et bien raisonnable ; cependant il en est si jaloux qu’après avoir été long-temps sans vouloir que personne allât dîner chez lui (il demeure à la campagne), bien moins d’y coucher, il devint jaloux de ses valets même, et non content de l’avoir enfermée au troisième étage, afin qu’elle fût hors d’escalade, et qu’on n’y montât pas avec des échelles de corde, il chassa enfin tous ses gens, et quoique huguenot, il prit un Carme, à qui il se fioit, pour gouverner tout chez lui. Ce moine avec le temps lui devint suspect, et il le chassa aussi. Sa femme souf-

  1. Voir précédemment, pag. 236.