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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/371

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laid, et elle fort belle, il n’y a rien pourtant de plus semblable pour l’esprit, aussi visionnaires l’un que l’autre : mais comme les fous ne s’accordent guère entre eux, il y avoit toujours noise en ménage. Elle étoit coquette et le mari jaloux. Pour l’obliger à recevoir grand monde chez elle, et à venir ensuite à la cour, elle s’avisa d’une invention qui ne pouvoit réussir qu’auprès du marquis d’Exidueil. Elle lui fit accroire que le feu Roi étoit devenu amoureux d’elle ; qu’il le lui avoit fait dire par quelqu’un qu’elle lui nomma ; mais que, comme il vouloit toujours se conserver la réputation de chaste, il vouloit que l’affaire fût secrète. Or, il faut que vous sachiez que le Roi étoit alors en Lorraine. « Pour cela, ajouta-t-elle, on a trouvé de certains chevaux qui, en un jour et une nuit, peuvent venir de Lorraine à Paris et de Paris en Lorraine ; de sorte qu’il n’est pas difficile, par le moyen de ceux qui sont dans la confidence, d’empêcher qu’on ne voie le Roi pen-