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messe de mariage. Depuis, se fiant à l’amnistie, il vint à Paris (1650). Madame de La Bazinière, qui l’avoit fait rouer en effigie, le fit mettre au Fort-l’Évêque ; mais le prince de Conti, alors en crédit par son mariage, l’en tira. Nous verrons dans les Mémoires de la Régence comme il eut le cou coupé en 1657 pour un enlèvement d’une autre nature.




LA COMTESSE DE VERTUS.


La comtesse de Vertus est fille du marquis de La Varenne-Fouquet, celui de qui madame de Bar disoit : « Il a plus gagné à porter les poulets du Roi mon frère, qu’à larder ceux de sa cuisine ; » car il avoit, dit-on, été écuyer de cuisine. Henri IV lui fit du bien ; il l’avoit bien servi en ses amours. Cet homme avoit mis sur la porte de sa maison, en Anjou, la statue de Henri IV, et au bas : Il m’a donné l’honneur et les biens. Elle épousa le comte de Vertus, qui est venu d’un frère bâtard de la reine Anne de Bretagne ; ç’a été une fort belle femme[1].

  1. Ce comte étoit accordé avec une fille de Retz : le Roi lui proposa d’épouser la fille de La Varenne avec soixante-dix mille écus. Il crut faire sa fortune ; mais dès qu’il l’eut vue, il s’en éprit d’une telle force qu’il l’épousa deux jours après, et aussitôt, de peur du Roi, il l’emmena en Bretagne. Henri IV fut tué bientôt après. À soixante-dix ans, la comtesse de Vertus apprenoit à danser, et dansoit la figurée. (T.)