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Réponse

« Monsieur de Hocquincourt, demeurez dans votre gouvernement ; je souhaiterois pour ma satisfaction que vous vous fussiez trouvé à onze batailles et soixante-douze siéges de villes comme moi, pour vous voir en lieu où je ne fus jamais qu’avec joie, et d’où je ne revins jamais sans avantage. Mais, dans l’état où vous êtes, je ne puis hasarder ma réputation contre vous sans faire tort à celle de mon maître qui m’a confié ses armées. J’ai deux cents capitaines dans mes troupes, dont le moindre croiroit se faire tort de venir aux mains avec vous. Toutefois, si vous persévérez dans ce dessein, il s’en trouvera quelqu’un qui, en ma considération, ravalera son estime jusque là. Adieu, monsieur d’Hocquincourt ; faites bonne garde. Vous savez que je ne suis pas loin de vous, et que je sais aussi bien surprendre des places que commander des armées. »

Ce M. d’Hocquincourt ayant gagné une femme-de-chambre, se mit un soir sous le lit de la belle. Par malheur le bon homme se trouva en belle humeur, et vint coucher avec sa femme ; il avoit de petits épagneuls qui, incontinent, sentirent le galant, et firent tant qu’il fut contraint d’en sortir. Pour un sot il ne s’en sauva pas trop mal : « Ma foi, dit-il, monseigneur[1], je m’étois caché pour savoir si vous étiez aussi bon compagnon qu’on dit. » Quand il se mit à la cajoler, il lui déclara, en homme de son pays, qu’il

  1. On appeloit ainsi M. de Montbazon. (T.)