Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rogue qu’il est, salue de Vannes le premier partout où il le voit, pourvu que ce ne soit pas au conseil.




JODELET.


On avoit joué l’Amphitryon, où, à la fin, Jupiter venoit dans un nuage avec un grand bruit. Jodelet, comme s’il eût voulu annoncer, vint aussitôt sur le théâtre : « Si toutes les fois, dit-il aux spectateurs, qu’on fait un cocu à Paris, on faisoit un aussi grand bruit, tout le long de l’année on n’entendroit pas Dieu tonner. »

À la création du parlement de Metz, il vendit des barbes pour les conseillers de ce parlement : c’étoient tous jeunes gens.

Ce même Jodelet dit un jour une plaisante chose à Aubert, des gabelles, qui fait bâtir un palais auprès des petits comédiens, au Marais ; car comme il lui disoit : « Je ferai mettre des statues dans cette galerie. — Pensez que vous n’oublierez pas, lui dit Jodelet, celle de la femme de Loth. — Ma foi ! j’en tiens, répondit l’autre ; il m’a donné mon paquet. » Cette statue étoit de sel, et le sel a fait la fortune d’Aubert. On appelle cette maison l’hôtel Salé.

Une fois qu’on avoit joué une pièce dont la scène étoit à Argos, il dit à la farce : « Monsieur, vous avez été à Argos aujourd’hui ; mais vous n’avez peut-être pas remarqué une singularité de cette ville-là ; c’est qu’il