Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nève, sans expliquer si sa fille se feroit catholique ou non. Il en étoit ravi, et alloit pour faire que le duc de Weimar se joignît à M. le comte, quand au combat de Rheinfelden il fut blessé, comme j’ai dit, et mourut.

Le mécontentement de M. de Rohan venoit de ce qu’ayant demandé des dragons que Ruvigny devoit commander, on les lui refusa, et que faute de vingt mille écus on laissa périr ses troupes dans la Valteline. Le père Joseph et Bullion, qui ne vouloient point que le cardinal de Richelieu le mît dans le conseil, comme il en avoit le dessein, lui firent ce vilain tour. Mademoiselle de Rohan ne voulut point entendre à l’aîné de Nemours ; elle prétendoit à plus que cela : d’un autre côté, M. de Nemours alla prier mademoiselle de Rambouillet de savoir, par le moyen de madame d’Aiguillon, si le cardinal, qui avoit témoigné avoir quelque intention de faire ce mariage, le vouloit faire simplement pour le marier avantageusement ou pour quelque intérêt d’État ; et, ayant été assuré qu’il n’y avoit nulle politique à cela, il ne s’y échauffa pas autrement. Elle disoit, en ce temps-là, que M. de Longueville, qui étoit demeuré veuf, étoit son pis-aller : elle prétendoit au duc de Weimar. Depuis la petite-vérole, qui ne l’a point embellie, on parla encore de M. de Nemours. Chabot étoit déjà fort bien avec elle, mais cela n’avoit pas éclaté.

Jusques à un an après la naissance du Roi, personne n’avoit eu aucun soupçon de mademoiselle de Rohan. Sillon, en prose, Gombauld et autres, en vers, se tuoient de chanter sa vertu.

Le premier qui se douta de la galanterie de Ruvi-