Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/77

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sont pitoyables ; le troisième, mais qui n’est que de deux pages, est de Patru. Il le fit si court, parce qu’il n’étoit que pour les parents. Un homme qui eût voulu faire claquer son fouet eût plaidé comme si les autres n’eussent point parlé, car il étoit bien assuré qu’ils ne se fussent pas rencontrés à dire les mêmes choses : ainsi, il faut considérer cette pièce comme présupposant que les autres ont dit tout ce qu’ils ne dirent point.

Madame de Rohan la mère s’en tint là, et poursuivit l’instance de la donation, car avant qu’elle eût recouvré Tancrède elle avoit commencé ce procès-là pour faire révoquer la donation qu’elle avoit faite à sa fille. Elle perdit encore sa cause, car il étoit évident qu’elle ne vouloit avoir du bien que pour en disposer en faveur de ce garçon. Se voyant déboutée de toutes ses prétentions, elle se retira à Romorantin, dont elle demanda à la cour la capitainerie, et cela pour épargner quelque chose pour son fils.

L’année suivante, le nouveau duc de Rohan voulut présider aux États de Bretagne : pour cet effet il fit un voyage dans la province tant pour se faire reconnoître que pour s’acquérir des amis ; il alla aussi en Saintonge, où il se battit contre un gentilhomme huguenot et marié, qu’on appeloit pourtant le chevalier de La Chaise[1], pour le distinguer de ses frères. Il avoit été nourri page de feu M. de Rohan. En une compagnie, il soutint hautement le parti de madame de Rohan la mère et de Tancrède. Chabot sut cela, et assez vilainement acheta une dette contre cet homme, et pour s’en

  1. Parce qu’il avoit été chevalier de Malte.