Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

duire jusqu’à la porte de la rue tout nu, car il couchoit toujours sans chemise ; elle ne put jamais s’en empêcher. « Je vous rendrai, lui disoit-il, ce que je vous dois. »

On dit que lui, Fontenay, et quelques autres extravagants voulurent éprouver de quelle façon on tombe quand on est sur un arbre que l’on a coupé par le pied. On ne m’a su dire s’il y en eut de blessés.




FERRIER,
SA FILLE ET TARDIEU.


Ferrier étoit un ministre de Languedoc, qui avoit tant de dons de nature pour parler en public, que, quoiqu’il ne fût ni docte ni éloquent, il passoit pourtant pour un grand personnage dans sa province ; il étoit patelin, populaire, et pleuroit à volonté ; de sorte qu’il avoit tellement charmé le peuple, qu’il le menoit comme il vouloit.

Durant un synode où il présidoit, une des meilleures églises du Languedoc vaqua ; il y avoit un jeune proposant de sa connoissance qui ne savoit quasi rien alors, mais qui depuis fut un habile homme. Ferrier lui dit qu’il falloit avoir cette église : « Laissez-moi faire. » Il dit à la compagnie que les députés d’une telle église avoient jeté les yeux sur un tel, qu’il falloit l’examiner. On donne un texte au jeune homme pour le lendemain. Ce garçon se défioit extrêmement de ses