Page:Tamizey de Larroque - Deux allocutions au sujet de Peiresc.djvu/13

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vous me permettiez d’employer une expression familière, je vous avouerais que la douairière n’a pas donné et que cet article a été le plus stérile et le plus ingrat de tous. Mais que de consolations nous sont venues et nous viendront d’ailleurs ! et combien nos regrets ont été adoucis et vont l’être encore par de généreux élans ! Combien nos blessures ont été pansées et le seront encore par des mains bienfaisantes, avec application, en guise de baume, de ces petits morceaux de papier multicolores que la Banque et la Poste mettent à la disposition des âmes charitables !

À ce propos, mes chers auditeurs, laissez-moi, en vertu du pouvoir discrétionnaire — et parfois indiscret — que possède tout président, aborder ici une question délicate, imprévue, oui imprévue, car les amis qui m’entourent et qui sont pourtant les meilleurs des amis, ne connaissaient pas mes intentions et seront étonnés de voir surgir cet article secret de mon programme, d’autant plus étonnés que plusieurs d’entre eux m’ont écrit : « Ne venez pas ici en frère quêteur. Apportez, si vous le voulez, votre lyre, mais non pas votre tire-lire. » De lyre, je n’en ai jamais eu, même en mes Printanières années, et je ne suis hélas ! qu’un vil prosateur. Comment, d’ailleurs, même poëte, aurais-je jamais osé faire caracoler mon Pégase sur la terre classique des troubadours, sur ce sol privilégié de la Provence où, comme la fleur d’un arbre immortel et sacré, s’épanouit toujours la poésie, où, de notre temps, ont retenti les chants inoubliables des Aubanel, des Berluc, des Félix Gras, des Roumanille et de tant d’autres harmonieux et célèbres oiseaux parmi lesquels — je le place le dernier coumo lou curat à la couè de la proucessien — je salue avec une admiration