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DOCUMENTS INÉDITS SUR GASSENDI.

neur de désirer par mon entremise, mais j’espère que Dieu me fera la grace d’estre plus heureux en quelque autre afin que vous ayez sujet de croire que tout mon deffaut consiste en mon impuissance puisque de affection et de bonne volonté je suis véritablement

Vostre tres humble et très obeissant serviteur[1].
Gassend.[2]

De Tolon ce 29 mars 1650[3]



IV

Lettre de Nicolas Taxil, prévot de l’église de Digne, à H. L. Habert de Monmort[4] en lui envoyant l’oraison funêbre de Gassendi.


De Digne, ce 2 janvier 1656
Monsieur,

La gloire que j’ay reçeue par le chois que feu Monsieur Gassendi a fait de moy en la succession de sa prevosté me découvre tous les jours mon impuissance à reconnoistre un bienfait que je dois appeller incomparable, puisque la cause n’a esté que la seule bienveillance de mon amy ; sa libéralité me rendroit ingrat, si sa mémoire ne me restoit en vénération ; je l’ay aymé, Monsieur, avec toutes les tendresses humaines. J’ai honoré son mérite avec tout autant de respect que j’ay peu ; j’ay pleuré sur son trépas avec des larmes de sang ; tous ceux qui m’ont escrit de lettres de consolation ont parlé de ma disgrace ; en

  1. Il me semble que cette lettre, dont le style est si aisé et si coulant, doit faire désirer que l’on recherche et que l’on publie toutes les lettres françaises de Gassendi qui sont conservées, soit dans les dépôts publics de Paris et de la Provence ; soit dans les collections particulières. Il s’est perdu, je le sais, et je le déplore, un grand nombre des lettres écrites par Gassendi à Peiresc, à Bouillau, à Chapelain, etc. mais on pourrait, si l’on cherchait bien, trouver assez de débris d’une aussi précieuse correspondance pour en remplir un volume qui serait des plus goûtés.
  2. Bougerel l’a très-bien remarqué (note de la p. 2) : « Gassend était son véritable nom. Bouche a mis en tête de son Histoire de Provence, une de ses lettres, où il signe Gassend : il n’en prend point d’autre dans ses lettres françaises manuscrites, qui sont dans la bibliothèque de M. le Président Thomassin de Mazaugues. Il traduit son nom par Gassendus ; il l’eût traduit Gassendius, s’il se fut appelé Gassendi, » Les auteurs du Gallia christiana ont, eux aussi, constaté que Gassend est la bonne forme du nom du philosophe (tome III, col. 1139) : Gssendus Gallice Gassend ex ipsusmet epistola ad Bosquetum. L’observation a été reproduite par M. Degérando et par M. Aubé.
  3. J’ai publié dans la livraison de septembre 1874 de la Revue de Marseille et de Provence (p. 473) un billet inédit de Gassendi à Pierre Du Puy (tiré de la collection Du Puy, vol. 803, p. 258) et daté d’Aix la veille des Roys 1649. »
  4. À Monsieur Monsieur de Montmor, conseiller d’Estat du Roy en ses conseil d’Estat et son maistres des requestes à Paris.