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Le 11 novembre 1639, Chapelain (p. 523) écrit à Madame de Flamarens, de retour à Buzet : « J’apprends avec beaucoup de joye la confirmation du bon traittement que vous recevés de Mr  vostre beau-père, qui a trop d’honneur et de raison pour en user autrement envers une vertu et une sagesse comme la vostre. De vostre costé ne discontinués jamais de l’honnorer et de le servir et croyés qu’en ces sortes de devoirs on ne pèche jamais par l’excès. » Chapelain parle ensuite à la jeune exilée d’une question qui est toujours bien importante pour une femme, la question des portraits. « Je les garderay très volontiers, » dit-il agréablement, « jusques à ce que vous en ordonniés à qui je les bailleray, et je prendray plaisir que l’on en voye trois dans ma chambre pour son plus grand ornement. » La phrase du bon Chapelain ne doit pas être un banal compliment, mais un sincère hommage rendu à la beauté de Mme de Flamarens. D’ailleurs, une femme qui n’aurait pas été belle, aurait-elle demandé une triple reproduction de son image ? Concluons donc de ce passage que sa jeune amie joignait à la beauté de l’âme cette beauté du visage que l’on aime à regarder comme un reflet de la première[1].

Dans une lettre du 18 décembre 1639, nous trouvons (p. 539) ce nouvel éloge de Mme de Flamarens :

Il y a bien long-temps que je sçay que vous estes la plus reconnoissante personne du monde et que, quand on vous rend quelque service, il est tousjours surpayé par vos ressentimens. Je loue cette vertu et vous conseille de la conserver comme la marque d’une âme généreuse et bien née et qui sert autant que pas une autre à gaigner

  1. Chapelain, par son testament, voulut que le portrait de la marquise de Flamarens restât à jamais placé dans sa bibliothèque avec les portraits de la reine de Suède, de la duchesse de Nemours-Longueville, du marquis et de la marquise de la Trousse, de la comtesse de Maure, de Gassendi et avec son propre portrait. J’exprimais tout à l’heure le regret que l’on n’eût pas conservé les exquises lettres de Mme de Flamarens. Pourquoi, demanderai-je avec de non moins vifs regrets, n’a-t-on pas conservé au moins un de ses trois portraits ?