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donnée Mlle vostre fille[1] dans le voyage de piété que vous avés fait à Agen[2], mais je ne me suis pas estonné de cette consolation qu’elle vous apporte puisqu’elle est vostre fille et qu’elle a esté nourrie sous vostre aile et de vostre main. Vous ne me mandés rien de vostre soldat des isles[3] ni comment il s’accommode de ce genre de vie auquel il sembloit si peu né. Il vous faut compenser les dégousts qui vous viennent de ce costé là par la satisfaction que vous avés des autres et souffrir chrestiennement les mortifications que Dieu permet qui vous arrivent d’ailleurs. Messieurs vos fils, qui sont en cette cour[4], ne font point de bruit qui leur nuise, et je veux espérer qu’ils en feront un jour d’assés grand pour leur estre utile. Je les voy quelquesfois et ils me paraissent n’estre pas choqués de ce que je leur dis pour leur bien.

  1. Ni le P. Anselme, ni les rédacteurs du Dictionnaire de Moréri (1759), ni La Chesnaye des Bois, n’ont mentionné, dans leur généalogie de la maison de Grossolles, la fille de la marquise de Flamarens. Peut-être mourut-elle bien jeune encore et a-t-elle ainsi été oubliée par tous les généalogistes. Une lettre postérieure nous apprend (p. 219) qu’elle songeait à embrasser la vie religieuse, ce qu’approuve fort Chapelain.
  2. Le but de ce voyage de piété était-il Agen même, où de belles églises méritaient bien la visite des dames de Flamarens (la cathédrale Saint-Étienne, les églises Saint-Caprais, Saint-Hilaire, l’église des Jacobins, etc.) ? Ne s’agissait-il pas plutôt d’un pèlerinage à Notre-Dame de Bon-Encontre, à 5 kilomètres de la ville d’Agen ?
  3. Ce soldat des isles fit par sa mauvaise tête le malheur de sa famille et son propre malheur. Il s’appelait François et portait le titre de marquis de Flamarens. Il mourut sans alliance, avant octobre 1682, à Burgos, ayant été obligé de sortir de France à la suite d’un combat singulier. On a, dans le Moréri, donné à la mort du marquis de Flamarens la date 1706. C’est une erreur démentie par un acte conservé dans le registre des insinuations B. 93 des archives départementales de Lot-et-Garonne, acte du 27 octobre 1682, qui est un accord par lequel François Agesilan de Grossolles, comte de Flamarens, abandonne à sa mère tous ses droits dans les successions de son père, de François-Appollo de Grossolles, son frère aîné, et de sa mère elle-même, moyennant une somme de 60,000 livres qu’il destine à acheter la charge de premier maître d’hôtel de Monsieur, frère du Roy, à la maison duquel il était déjà attaché.
  4. Ces deux fils étaient le comte et le chevalier de Flamarens. Le premier, nous venons de le voir, s’appelait François-Agesilan de Grossolles et fut premier maître d’hôtel de Philippe, duc d’Orléans, frère de Louis XIV : il mourut à Paris le 9 février 1710. Mme de Sévigné, qui n’était tante de MM. de Flamarens que s’il est vrai que les parents de nos parents sont aussi nos parents, parle une fois de François-Agesilan, à l’occasion de sa disgrâce auprès de Monsieur (t. vii, p. 353) et plusieurs fois du chevalier (Jean de Grossolles), avec lequel elle passa une grande partie de son temps à Vichy en 1677 (t. v, pp. 310, 312, 314, 323, 327, 330, 336).