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Page:Tamizey de Larroque - La marquise de Flamarens.djvu/28

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II

Sur la date de la mort de la marquise de Flamarens.

Au dernier moment, je reçois de M. Adolphe Regnier (de l’Institut), le très savant directeur de la collection des Grands écrivains de la France, une fort aimable et fort intéressante lettre, dont je citerai quelques lignes, qui complètent sur un point important les notes que l’on vient de lire :

« Je regrette bien que votre confiance en notre commentaire de Sévigné ait fait passer dans votre…[1] édition des Lettres de Chalain cette erreur qui m’étonne. Il y en avait une plus étrange encore dans la première édition Monmerqué ; elle faisait de la marquise de Flamarens l’aïeule ! du marquis de la Trousse, des Gendarmes-Dauphin, qui était son neveu. Je ne m’explique pas qu’en corrigeant cette erreur, nous en ayons fait une autre. Je suis fort aise qu’en expiation de notre faute nous puissions vous donner la date que vous désirez. On conserve au Cabinet des titres (dossier des Grossoles) ce fragment de note : Marquis de Flamarens… mariée avec Françoise Le Hardy de la Trousse, morte veuve à Paris, âgée de 85 ans, le 9 février 1703. »

Ainsi, la marquise de Flamarens naquit en 1618, 23 ans après la venue au monde de Chapelain ; elle avait quinze ans quand elle reçut, en 1633, la première des lettres qu’il devait lui écrire, et dix-huit ans, quand elle se maria ; elle survécut plus d’un demi-siècle à son mari et près de trente ans à Chapelain[2].

  1. Ici une épithète laudative dictée par une excessive courtoisie.
  2. Cette longévité me fait craindre que la marquise de Flamarens ait vécu assez longtemps pour être témoin (ô suprême douleur !) de la honteuse alliance de son petit-neveu Paul-François Le Hardy, marquis de la Trousse, chevalier des ordres militaires de Saint-Louis et de Saint-Lazare, avec Marthe Thenois, née le 5 juillet 1664, ancienne servante dont la vie fut plus impure encore que l’origine. Voir, à la Bibliothèque nationale, dans les Mélanges de Clairambault (volume 1167, fo 11), une requête imprimée, adressée au lieutenant criminel par le marquis de la Trousse, qui reproche à sa femme la bassesse de son extraction, le libertinage de sa conduite, la sévérité des peines judiciaires auxquelles elle a été plusieurs fois condamnée. L’époux si cruellement outragé rappelle qu’il est sorti d’une famille illustre et qu’il croit n’avoir jamais dégénéré de la vertu de ses ancêtres. Ce triste document, de 14 pages in-fo, où abondent les plus scandaleux détails, est daté du 3 décembre 1727.