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Page:Tamizey de Larroque - Le chroniqueur Proché, documents inédits.djvu/21

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Nelly ne me dissimule pas qu’elle reviendroit demain à Gontaud. Elles me chargent toutes de vous dire mille choses de leur part.

Je suis avec un parfait attachement votre dévoué concitoyen[1].


II

Agen, 20 octobre 1803.

Monsieur,

Je fus bien fâché de partir de Gontaud sans avoir le plaisir de vous revoir, comme je l’aurois désiré j’en avois même besoin, mais il se présenta une de ces occasions qu’on trouve rarement dans votre ville, je veux dire la voiture qui avoit conduit les nouveaux mariés. Je crus devoir en profiter, mais ce ne fut pas sans avoir hésité long-temps sur le parti que j’avais à prendre. Ce qui me décida fut que je ne recevois

    encore chante dans le pays Gontaudais) qu’un de ses voisins de campagne lui apporta, le premier jour de l’an, un vieux merle d’une effrayante maigreur. Mon grand-père reçut les funestes étrennes sans sourciller et invita son homme à venir déjeuner après le messe. Le campagnard, une heure plus tard, accourt avec d’immenses espérances et un immense appétit. Mon grand-père lui fait servir l’infâme oiseau et loi dit de son air le plu narquois : J’ai cru ne pouvoir mieux te régaler qu’en te donnant le rôti que tu me destinais. Le merle était si coriace et si dur que l’invité dût renoncer à y mordre et se retira non moins penaud qu’affamé.

  1. Dans une lettre d’affaires du 6 décembre 1802, je prends seulement quelques lignes : « Ma femme et moi avons bien ri de l’embarras où se sont trouvées toutes les parties pour compléter leur contingent et de l’offre faite des Soques au porteur du billet. [C’eût été, en vérité, un étrange payement qu’un payement en Soques, chaussure que l’on portait encore en ma ville natale pendant mon enfance]. Nous vous remercions de la bonté que vous avez eu d’avancer pour nous 150 livres. Votre fils est en parfaite santé et s’applique ses, divers exercices. Je suis véritablement mortifié de toute la peine que nous vous donnons, mais puisque vous avez bien commencé, il faut finir. »