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vendre la plus part, ni mesme engraisser, et il n’y a presque point de foin ni de paille. — 1673. Rupture du Rosne. Memoire que ceste présente année, le Rosne a rompeu les digues du Baron et est veneu dans les mares de Couronneau et a inonde tous nos marés et tous nos clos généralement, tant celui de Montilles que les autres deux, venant les eaux jusques dans la cabane ; la première fois qui feusse le mois de mars dernier. Le Rosne rompit ladicte digue du Baron le premier jour du mois de mars et le trou ne feust fermé que le 25 ou le 26 et comme les eaux commençoient d’estre fort basses, elles étoient pourtant encore au clos dit Maset et au segond clos. Aprez on r’habilla les chaussées et les digues de Montlong rompirent par la faute de Bohareau le terraillon et de MM. les Intendants qui, au lieu d’aller, lundi matin, aux chaussées, tinrent une assemblée chez Monsieur d’Augières, advocat du Corps, pour d’autres affaires[1] et on nous dit que s’il y avoit eu deux hommes seullement, ils auroient empesché le trou de s’agrandir.

Le Rosne demeura toujours assez plein, depuis le mois de mars jusqu’au mitan de juin, et après les eaux augmentèrent et le trou du Baron se rouvrit le 28 de juin et inonda encores nos marés plus que jamès et l’eau vint encores dans la cabane et beaucoup plus grosse qu’au mois de mars, de manière qu’il fallust otter tous nos bœufs et les envoyer à vingt sols la pièce, à mon logis ; s’il meurt des bestes, les peaux se partageront et la cher sera salée au despens du rentier et la cher m’appartiendra.

1674. — Le 16 novembre, il y a eu une grande inondation de la rivière du Rosne, au quartier du Frébon, qui est survenue de deux ou trois ruptures faites, l’une à la Roque de Curier, l’autre proche Tarascon, l’autre à Lansac qui nous ont inondé tout le territoire du Trébon. Outre ces ruptures, les eaux de la Durance et du Vigueyrat[2] s’estant jointes ensemble avec celles du Rosne sont survenues avec une si grande rapidité Ie 17 novembre et 18, qu’elles ont esté à tous les marès du plan du Bourg et à l’estang de Meyrane et ont

  1. Hé ! mon ami, tire-moi de danger,
    Tu feras après ta harangue.

    (L’Enfant et le Maître d’École. Livre I, fable XIX).

  2. On appelle Vigueirat un grand canal creusé au XIVe siècle pour dessécher la Viguevie de Tarascon ; il a été conservé par Van Ens et forme, avec celui qui porte le nom de l’vidange, le principal écours des marais d’Arles.