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Page:Tamizey de Larroque - Mélanges.djvu/194

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pendant que, hardi buveur d’air, vous vous éleviez à près de deux mille mètres au dessus du niveau de l’Océan et rivalisiez avec les aigles dont je viens de parler (rien de métaphorique Il s’agit, bien entendu, d’aigles réels), je restai, toute la journée, emprisonné dans notre petite salle de travail, cette salle que vous appeliez irrévérencieusement une boite, et, plongé dans les délices de mes transcriptions, je me disais, dédaigneux des sommités, que j’avais choisi la meilleure part.

Quel agréable souvenir je garde et garderai à jamais de nos amicales causeries Carpentrassiennes ! Avant la séance, nous nous préparions à bien travailler en arpentant le boulevard du Musée. Après la séance, nous nous délassions de nos fatigues en nous entretenant, pendant une autre promenade, de nos trouvailles, de nos impressions, de nos projets, de toutes choses enfin et de quibusdam aliis. Avec quelle gaité d’étudiants nous allâmes, un jour, examiner le prétendu tableau de Rubens qui, dans la maison où j’habitais — je bénirai toujours cette aimable maison — ornait la galerie de la vénérable Madame Brun ! Nous eûmes le bon goût de respecter les illusions de la vieille dame ; courtois, galants jusqu’au bout, nous gardâmes devant le faux dieu l’attitude la plus correcte et à notre air convaincu nous crûmes même devoir mêler un brin d’enthousiasme (grande ombre de Rubens, pardonne-nous le !), mais combien nous nous dédommageâmes du sacrifice en descendant l’escalier !

Dans une de ces causeries qui étaient un des charmes les plus vifs de mon séjour à Carpentras,