Page:Tamizey de Larroque - Mélanges.djvu/386

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« Au reste, un chascun lisoit apparemment dans son visage un si grand contentemènt qu’il ne falloit poinct de meilleure consolation que cela. J’ay bien du regret que vous n’ayez peu estre de la partie, mais si aulcune chose m’endoibtconsoler, je pense que ce soit t’appréhension que l’émotion qui vous estoit inesvitable, ne fust capable de nuire à vostre santé. C’est pourquoy je loue Dieu de vostre absence, comme des aultres événements qui nous viennent de sa main. M. de Bouc m’a dict que ses vœux seroient d’y loger une couple de ses filles, mais qu’il se gardera bien d’y assister jamais en personne, pour ne se retrouver en la peine où il s’est veu. Et m’a dict qu’il se sentait bien empesché à trouver de la rhétorique compétante, pour vous en dire ce qu’il vouldroit, par une lettre qu’il vous fera possible par cette voye. « Le prieur de Beaugentier (t) m’avoit envoyé afforce fleurs dont on luy avait fait un chappelet sur la teste (2) et dont on avoit orné son cierge fort richement. Il y avoit de cez rosés jaulnes larges comme la paulme de la main, de cez anesmones incarnades de M. de Bonnaire et de cez œilletons colombins non ordinaires en ce païs, qu’il faisoit beau voir parmy les fleurs d’oranger et aultres oeillets du païs; nous y avions adjousté du jardin de cette ville des ranoncules jaulnes doubles fort gentils et d’une fleur violette que Lautier (s) C’est aujourd’hui une commune du département du Var, à aj kilomètres de Toulon. Là était située la maison de campagne des Fabri, célèbre par les magnifiques jardins qui l’entouraient. Les contemporains ont fort vanté ces jardins enchanteurs, et un d’eux n’a pas manqué de les comparer au paradis terrestre. (2) C’est-à dire une couronne. Peiresc, dans son trouble, a oublié de nommer ici sa nièce, de sorte que, victime de l’amphibologie, il semble direque c’était la tête du vénérable prieur qui était ornée de fleurs. Revenons au mot chappelet pour rappeler que ce synonyme de fcouronne a été sou- > vent appliqué par un des plus pimables saints et aussi des plus aimables écrivains qui aient jamais existe Saint François de Sales. Et, à ce propos, me permettra-t-on de dire qu’il y a,ce me semble, quelque chose de la suavité du langage de l’évêque de Genève dans le tableau que Peiresc nous retrace d’une cérémonie embellie par toutes ces exquises fleurs venues des jardins d’Aix et de Eklgentier, et plus encore embellie par toutes les souriantes vertus de la jeune religieuse, vertus que l’on peut appeler les fleurs de l’âme,