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graphe, car, à tous nos autres traits-d’union s’ajoutait celui-là : nous étions de fervents collectionneurs l’un et l’autre, et le vainqueur ne manquait jamais d’annoncer à son rival le moindre accroissement de butin.

Ce qui, pendant longtemps, alimenta le plus notre correspondance, ce fut Florimond de Raymond. Madame Marie (je demande la permission de l’appeler ici comme nous l’appelions d’habitude) avait un culte pour tous ses aïeux et un culte particulier pour l’érudit et l’écrivain qui a été la principale gloire de sa famille. De mon côté, j’avais été très vivement attiré vers le docte autant qu’original conseiller au parlement de Bordeaux, et des mille et un lièvres poursuivis dans ma vie de chasseur littéraire, c’est assurément un de ceux que j’ai eu le plus de plaisir à prendre. Mais avant de le prendre, que de difficultés ! Les biographes n’avaient presque rien dit du célèbre magistrat, et le peu qu’ils avaient dit ne valait pas grand’chose. Il fallait tout retrouver, tout reconstituer. C’était un labeur immense. Avec quel enthousiasme nous l’accomplîmes ! Et combien l’arrière-petite-nièce du bouillant polémiste — l’ardeur généreuse de son sang se retrouvait dans les veines de mon amie — m’encourageait et m’aidait ! Que de lettres remplies de toutes les émotions que donnent l’espérance, la crainte, la déception, le succès ! Je me suis souvent demandé s’il y a rien de plus doux, dans l’existence d’un chercheur, qu’une collaboration comme celle-là.

Ce que nous avions fait, avec tant de flamme pour notre cher et grand ressuscité Florimond de Raymond, nous le fîmes aussi pour divers autres personnages, tantôt pour des Agenaises plus fameuses par leur beauté que par leur vertu, comme Anne de Maurès[1] et madame d’Hallot, tantôt

  1. Après avoir publié, dans le Cabinet historique, une notice sur Mlle  de Maurès (1874) et, dans la Revue de l’Agenais, l’inventaire des meubles de la pécheresse (1878), j’eus la bonne fortune, en compagnie de mon excellent ami M. Adolphe Magen, de retrouver dans une des salles du musée de Carpentras une médaille à l’effigie de l’amie du duc d’Épernon. J’adressai aussitôt à