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de l’esprit elle était toujours en garde contre les erreurs où roulent si souvent les généalogistes de profession. C’était merveille de la voir retrouver — parfois en quelques instants — l’état civil d’un gentilhomme de tous inconnu, qu’il fut du siècle dernier, ou du siècle de Louis XIV, ou enfin de ce que nous nous amusions à appeler ensemble le siècle de Monluc. Dieu sait que de consultations lui étaient de toutes parts demandées ! Il en venait de toutes les provinces, il en venait de Paris, il en venait de l’étranger. Son temps, sa peine, ce n’était rien pour elle : le plaisir d’obliger la dédommageait de toute fatigue. Elle donnait avec la même souriante facilité ses renseignements aux travailleurs dans l’embarras, et son argent aux personnes dans l’indigence, et, la voyant ainsi doublement et constamment généreuse, je la surnommais la providence des pauvres de tout genre.

Bonne pour tous, Madame Marie l’était au suprême degré pour ceux qu’elle aimait. Rarement on a poussé aussi loin qu’elle le dévouement de la parente et de l’amie. Fille modèle, elle a comblé de soins et de tendresses son père, sa mère ; elle a été comme une seconde mère pour sa sœur, madame Gavini de Campile, si digne d’une telle affection, car elle est la grâce et l’amabilité personnifiées. Il était doux de voir Madame de Raymond auprès de ses amis. Ses beaux yeux avaient alors un tel rayonnement de joie, que tout autour d’elle semblait en être magiquement illuminé. Combien agréables étaient les réunions chez cette maîtresse de maison, qui était à la fois une si grande dame et une si avenante amie ! Combien son enjouement, son entrain, ses prévenances, complétaient heureusement, dans les déjeuners qu’elle nous offrait, le luxe splendide et les exquises délicatesses de sa table ! Quel durable souvenir garderont de ces charmantes fêtes ceux qu’elle appelait ses amis littéraires, et qu’elle aimait tant à grouper autour d’elle, le docteur Jules de Laffore, notre vénérable doyen, convive et érudit également conscien-