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Et voyant que ce Dieu m’ayme autant que je l’ayme,
Mon front pasle et terny change sa couleur blesme
En de vives couleurs[1]

N’y a-t-il pas un bien poétique mouvement et, pour ainsi dire, quelque chose d’ailé dans les deux strophes que voici ?

 
Ie l’ay veu cet astre adorable
Qui ne voit rien de comparable :
Jamais il ne parut si beau :
C’estoit au point du iour, lorsqu’au sortir de l’onde
Il venoit pour donner l’ame et [laj vie au Monde
Avecques son flambeau.

Desia la terre est glorieuse
De la pompe victorieuse
Qui m’esleve iusques aux Cieux,
Et qui pare mon front d’une telle couronne
Que le brillant éclat qui partout m’environne
Eblouit tous les Dieux.

La pièce suivante (Atalante chant royal) est encore un souvenir d’Ovide. Ce n’est plus le rythme de Clytie : le grave alexandrin succède (p. 9-11) aux vers de longueur inégale :

 
C’est trop flater mon cueur d’une vaine esperance,
Il faut que i’entreprenne un dessein genereux.
Amour qui me conduit avec toute asseurance
Me promet désormais un destin plus heureux.

Chaque strophe est terminée par ce refrain, qui produit un effet gracieux :

 
La pomme qui ravit les beaux yeux d’Atalante.

Le vers de Lacarry est limpide, coûtant, et, si l’on me

  1. L’auteur devait raffoler des teints éclatants, car un peu plus loin (p. 7) il revient ainsi sur le vif coloris que Clytie empruntait au dieu du Jour :
    C’est de luy que j’ay pris ces rubis que l’Aurore.
    Cueille tous les matins sur le rivage More,
    Pour orner ses cheveux.