Page:Tamizey de Larroque - Note sur le poète lectourois Lacarry.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 10 —

Donnons in extenso un sonnet signé PARIS, où l’éloge de Lacarry monte jusqu’au dithyrambe (p. 15) :

 
Les divines beautés de ton aymable face
Aussi bien que tes vers sont sans comparaison,
Et si nous te prenons pour le Dieu du Parnasse
Luy mesme advouera que c’est avec raison.

Il ne voit au matin, quand la nuict luy fait place,
Et qu’il vient à son tour regner sur l’horison,
Rien qui puisse égaler le merite et la grace
Des fruits que tu produis en ta verte saison[1]

Te voyant maintenant environné de gloire,
Chery comme Apollon des Filles de memoire,
Si Clytie te suit ie ne m’estonne pas ?

Elle se donne à toy, sa faute est excusable,
Sans doute elle t’a pris pour cet astre adorable
Dont elle suit partout les celestes appas.

En la même page brille (Épigramme au mesme), ce dixain de B. de GRAMONT[2] :

 
Ces cœurs à l’envie soubsmis,
Disent à tort contre ta gloire
Que si tu gaignas la victoire
Ce fut sur fort peu d’ennemis.
Ta Muse au dessus des vulgaires
Te fit avoir moins d’adversaires,

  1. Cette verte saison confirme ma conjecture touchant la jeunesse de l’auteur de Clytie. Comme son ami Paris a loué avec excès le charme de ses traits, on pourrait appliquer à Lacarry, pris en ce beau moment de sa vie, la citation virgilienne : forma insignis viridique juventa.
  2. Ce B. de Gramont serait-il Barthelemy de Grammont ou Grammond, qui fut président aux enquêtes du parlement de Toulouse, publia, en 1641, une histoire (en latin) d’une partie du règne de Louis XIII (Paris, in-fo), et mourut en 1654 ? Si, comme j’incline à le croire, le magistrat-historien fut aussi le magistrat-poète, je renverrai à une note mise sous une lettre de Balzac (du 15 février 1644), note où j’ai cité, pour ou contre B. de Grammond, Guy Patin, Bayle et Paul Colomiez (Lettres de Jean Louis Guez de Balzac, in-4o, Paris, imprimerie nationale, 1873, p. 93).