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que j’ai appris avec bien de la douleur les pertes cruelles que vous avez eu à supporter et qui laissent dans une âme sensible des regrets bien plus douloureux que la perte de la fortune. Pour moi je vis et je fais élever mon fils du produit d’un travail peinible (sic)[1] et de la confiance que mes foibles talens ont seu inspirer aux parens des enfans qui me sont confiés[2].

J’ai l’honneur d’être votre concitoyenne,

Genet-Campan.

Ce 13 geriminal, an 7.


VI

Au même[3]


De Rouen, le 8 vendémiaire, an 9.

Que pensés vous de moy, mon cher ami, depuis deux

    Campan et tout ce qu’elle en a écrit elle-même. Rappelons qu’au moment où Madame Campan se plaignait ainsi, elle approchait de la cinquantaine.

  1. Citons ici un passage de la notice de Barrière « Elle ne vivait que pour son fils ; pour lui seul elle aurait ambitionné la faveur ou les richesses : il était sa consolation, son bien, son espoir ; elle avait rassemblé sur lui tous les penchants d’un cœur trop souvent déçu dans ses affections. M. Campan fils méritait la tendresse de sa mère. Aucun sacrifice n’avait été négligé pour son éducation. Son esprit était orné ; il avait du goût, et faisait des vers agréables. Après avoir suivi la carrière qui a fourni, sous l’empire, des hommes d’un mérite éminent, il attendait du temps et des circonstances une occasion de consacrer ses services à son pays. Quoique sa santé fût languissante, rien n’annonçait une fin rapide et prématurée : en quelques jours cependant il fut ravi à sa famille. »
  2. La signature de Madame Campan donne raison à Barrière qui écrit Genet et non Genest, comme on l’a imprimé dans la Biographie Michaud (article de V. Parisot) et aussi dans la Nouvelle Biographie générale (article tiré de l’Encyclopédie des gens du monde), et enfin dans la plupart de nos dictionnaires historiques, fils plus ou moins ressemblants des deux grands recueils que je viens de nommer. Tout récemment la véracité des Mémoires de Madame Campan a été très vivement contestée par deux savants de grande autorité, M. J. Flammermont (Études sur les sources de l’histoire du XVIIIe siècle, travail que j’ai eu le plaisir de beaucoup louer dans la Revue critique), et M. P. de Nolhac (Le château de Versailles au temps de Marie-Antoinette, 1889, p. 64, note 1). Voir sur ce dernier travail mes Petites notes bibliographiques (livraison du Bulletin du Bibliophile de septembre-octobre 1889, p. 476-478).
  3. L’adresse manque.