Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 2, 1830.djvu/321

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« Vous m’avez tué, lui dis-je ; mais, quoique ma blessure soit mortelle, je crains d’être quel» que temps encore à mourir. Venez donc, si vous êtes un homme, et tirez sur moi un second coup. » Je l’appelai à plusieurs reprises sans aucune réponse.

Mon corps était à peu près nu ; car, au moment de ma blessure, je n’avais sur moi, outre mon pantalon, qu’une vieille chemise toute déchirée, dont les travaux du matin avaient arraché plus d’un lambeau. Je restai exposé au soleil et aux mouches à tête noire et verte, sur un rocher nu, la plus grande partie d’une journée de juillet ou d’août, sans autre perspective que celle d’une mort lente ; mais, au coucher du soleil, l’espérance revint avec la force, et je nageai jusqu’à l’autre bord. En prenant terre je pus me lever sur mes pieds et je poussai le sassahkwi ou cri de guerre, en signe de joie et de défi. Mais la perte de sang causée par les efforts que je venais de faire en nageant entraîna une seconde défaillance.