Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/153

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n’admit ni genèse ni destruction. L’univers, dit-il, est toujours semblable ; car, s’il eût été produit, il eût fallu qu’auparavant il ne fût pas ; or, ce qui n’est pas ne peut ni être produit, ni rien faire, ni contribuer à rien produire. Il affirme que les sens sont trompeurs et, en même temps, il ébranle aussi l’autorité de la raison. Il dit qu’avec le temps la terre descend continûment et insensiblement dans la mer ; que le soleil est une réunion d’un très grand nombre de petites étincelles. Il affirme des dieux qu’il n’y a aucune prépondérance parmi eux, car il serait impie qu’un dieu fût assujetti ; qu’aucun d’eux n’a absolument besoin de rien ; qu’ils entendent et voient de partout et non pas par des organes spéciaux. Enfin la terre serait infinie et la partie inférieure ne serait point entourée d’air ; tout viendrait de la terre ; le soleil et les astres seraient produits par les nuées.

6. Épiphane, III, 9. — Xénophane, fils d’Orthomène, de Colophon, dit que tout naît de la terre et de l’eau, mais que, dans tout ce qu’il avance, il n’y a rien de certain, tant la vérité est obscure ; il n’y a partout que des opinions et surtout sur ce qui est invisible.

7. Galien (Hist. phil.). — (3) Cette secte, qui est d’ordinaire considérée plutôt comme aporétique que comme dogmatique, eut, dit-on, pour chef Xénophane de Colophon. — (7) Parmi ceux qui appartiennent à la secte intermédiaire, Xénophane a des doutes sur toutes choses, sauf qu’il pose pour dogme que l’univers est un et que c’est là le Dieu, qui est limité, raisonnable, immuable. (Cf. Sext. Emp., I, 225 : L’univers est un et le dieu est incorporé à l’univers ; il est sphérique, impassible, immuable, raisonnable.)

8. Cicéron. — (Lucullus, 37.) Xénophane, un peu plus ancien (qu’Anaxagore), dit que tout est un, immuable, que c’est le dieu, qu’il est inengendré, éternel et de forme sphérique. — (De deor. nat., I, 11.) Puis Xénophane, qui veut que Dieu soit l’univers, qu’il prétend infini et auquel il ajoute l’intelligence, est passible des mêmes reproches que les autres sur ce dernier point, mais bien plus à cause de l’infinitude, où il ne peut y avoir rien de sentant, non plus que d’ajouté. — (De divinat., I, 3.) Xénophane de Colophon est le seul qui, tout en affirmant l’existence des dieux, nie absolument la divination.

9. Théodoret, IV, 5. — Xénophane, fils d’Orthomène, de Colophon, chef de la secte éléatique, dit que l’univers est un, sphérique, limité, non engendré, mais éternel et absolument immobile. Puis oubliant ce langage, il dit que tout est sorti de la