Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/228

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et un vers (v. 150) de Parménide conservé par Galien nous attestent que l’Éléate avait émis une autre opinion assez difficilement conciliable avec la précédente, et d’après laquelle le côté du corps d’où provient la semence détermine le sexe qu’elle tend à donner, masculin pour la droite, féminin pour la gauche.

Cette opinion qui, plus ou moins modifiée, fut appelée à une assez grande vogue parmi les successeurs de Parménide, est évidemment une simple hypothèse a priori; mais elle frappe par son caractère pythagorien. C’est l’application risquée de la corrélation entre les deux couples de contraires, droit-gauche, mâle-femelle. Nous savons aussi que Parménide avait établi de même une corrélation entre les deux couples mâle-femelle, froid-chaud, mais en considérant les femmes comme plus chaudes que les hommes, tandis qu’Empédocle, en retournant la relation, se conforma plus exactement au parallélisme pythagorien.

Si ces rapprochements étaient suffisants pour asseoir une opinion, on pourrait dire que Parménide a certainement connu l’ouvrage d’Alcméon et qu’il l’a utilisé, mais sans s’astreindre aucunement à le suivre, qu’il a même négligé ce que cet ouvrage pouvait contenir d’observations scientifiques, pour en exagérer la partie conjecturale en poussant logiquement à bout les tendances pythagoriennes.

10. Avant de quitter Alcméon, il ne sera pas hors de propos d’ajouter quelques remarques sur ses opinions physiologiques.

J’ai déjà remarqué que la question du principat de l’âme est bien postérieure au V e siècle; de fait, elle appartient aux stoïciens (Diog. L., VII, 133), et le chapitre qui concerne ce sujet, dans Aétius (IV, 5), n’est certainement pas emprunté à Théophraste. L’opinion, deux fois attribuée par le compilateur à Alcméon sur le siège de ce principat, ne peut donc être tirée que d’un manuel stoïcien ayant la prétention de traiter la question historiquement, mais elle y a été insérée simplement sur le vu du témoignage de Théophraste relatif à la théorie des sensations d’après le Crotoniate.. Ce document n’a donc aucune valeur.

Nous devons dès lors refuser toute créance à la donnée d’Aétius (V, 17) d’après laquelle Alcméon aurait regardé le cerveau comme la première partie qui se forme dans l’embryon. Ce même chapitre d’Aétius, très écourté, est entaché d’une autre erreur patente au sujet d’Aristote: le passade correspondant «le Censorinus (V, 5