Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/266

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deur que l’on prendra, il y en aura toujours une autre, en raison de la division à l’infini; après l’avoir prouvé, il montre que la grandeur est nulle par la raison que chacun des éléments de la pluralité est un et identique à lui-même. Thémistius dit que Zenon prouve l’unité de l’être par la raison qu’il est continu et indivisible, car, s’il se divisait, il n’y aurait pas d’unité rigoureuse en raison de la division des corps à l’infini. Mais Zenon semble plutôt nier la pluralité. »

(30 b). « Après avoir montré que, « si l’être n’a pas de grandeur, il n’est pas, » Zenon ajoute :

» S’il est, il est nécessaire que chaque être ait une certaine grandeur, une certaine épaisseur, et qu’il y ait une certaine distance entre ce qui en lui présente une différence réciproque. On dira la même chose du précédent (toS xpou/cvic;, de la partie de cette chose qui la précède comme petitesse, dans la division par dichotomie). Ce précédent aura aussi une certaine grandeur et sera lui-même précédé. Ce qu’on a dit une fois, on pourra toujours le répéter; il n’y aura jamais de la sorte un terme extrême, où il n’y ait pas de parties différentes l’une de l’autre. Ainsi, s’il y a pluralité, il faut que les choses soient à la fois grandes et petites, et tellement petites qu’elles n’aient pas de grandeur tellement grandes qu’elles soient infinies. »

Simplicius croit avoir sous les yeux le texte même de Zenon ; il le donne, dit-il, xaxà >i$w ; mais l’authenticité de l’ouvrage qu’il possédait est assez suspecte si, comme le remarque Zeller, Alexandre d’Aphrodisias, Porphyre, Proclus ne l’ont pas connu, si Eudème lui-même ne parle que par ouï-dire. D’ailleurs l’ouvrage de Zenon était probablement dialogué, et le texte de Simplicius n’offre aucune trace de dialogue. Il est donc assez probable que le commentateur d’Aristote ne possédait qu’un résumé de la polémique de Zenon (peut-être un travail analogue au De Melisso), et quoique ce résumé paraisse fidèle, nous ne sommes nullement forcés de le regarder comme rigoureusement exact.

En reprenant la suite des raisonnements indiqués, on reconnaît d’ailleurs que Zenon ne prouve nullement en fait que les choses seraient en même temps infiniment grandes et infiniment petites; en réalité, il enferme son interlocuteur dans un dilemme. Admettant la possibilité de la division à l’infini (par dichotomie) comme évidente, il établit facilement qu’elle donnera des parties de plus en plus petites, sans qu’il y ait de terme à la diminution. Donc,