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Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/96

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commencent à s’occuper des choses célestes et à grouper, plus ou moins méthodiquement, les astres en constellations. Anaximandre, qui a le premier dressé une mappemonde terrestre, a naturellement pu chercher à lui donner un pendant pour le ciel. Mais ces premiers essais furent nécessairement très grossiers, les instruments propres à mesurer les distances angulaires des étoiles n’existant pas encore. Dans ces essais, les Hellènes imitaient d’ailleurs encore les Babyloniens, et la construction de la sphère céleste se trouvait intimement liée à celle du polos, eu égard au but pratique de déterminer l’heure pendant la nuit, et d’éviter ainsi l’emploi des horloges à eau, d’une exactitude insuffisante pour les observations astronomiques. Il est certain que les Chaldéens avaient résolu ce problème et il semble qu’on puisse restituer comme suit leur solution très simple.

Imaginons une sphère céleste, concentrique et intérieure à l’hémisphère creux du polos. Supposons que le zodiaque soit divisé en 360 degrés, suivant l’usage babylonien, et que l’on sache, pour le jour où l’on est, le degré occupé par le soleil ; qu’on observe, au moment pour lequel on veut savoir l’heure, les étoiles du zodiaque à l’horizon du levant, du couchant ou au méridien ; on pourra amener dans la même position l’étoile figurée sur la sphère de l’instrument ; dès lors le degré où se trouve le soleil se trouve jouer précisément le même rôle que l’ombre de l’extrémité du style pendant le jour, et sa position, par rapport aux lignes horaires tracées sur le polos, donne l’heure cherchée.

Pour qu’un pareil procédé soit applicable, il faut évidemment que la sphère céleste soit constituée par un réseau solide au travers duquel l’œil puisse voir la position du degré occupé par le soleil. Un pareil réseau fut appelé araignée par les Grecs, et il donna son nom au cadran sphérique d’Eudoxe ; plus tard, après Hipparque, la sphère mobile et l’hémisphère fixe furent remplacés par des pièces planes qui en présentaient la projection stéréographique. On eut ainsi l’astrolabe planisphère, servant toujours au même but, la détermination de l’heure pendant la nuit ; mais le nom d’araignée resta toujours à la pièce mobile et il passa des Grecs aux Arabes.

Il s’agit maintenant d’indiquer comment on pouvait, au temps d’Anaximandre, et sans autres instruments d’observation, déterminer la marche du soleil sur le zodiaque, et disposer les étoiles fixes sur la sphère. Si l’on se reporte à la digression astronomique