réservée. Les élèves pressentaient qu’un
danger invisible planait sur toutes. Certes,
la sévérité ne s’exerçait toujours pas aussi
implacablement que par le passé, mais il y
avait des condamnations inattendues au
cachot, des privations de récréations, des
observations interdisant certains jeux ; de
petites vexations qui témoignaient l’éveil
d’esprits hostiles. Lisbeth affichait son lien
avec la directrice audacieusement, effrontément.
Elle vivait presque de la même vie,
mangeait à sa table, veillait tard avec elle,
avait sa chambre tout près de ses appartements,
ne frayait plus avec ses compagnes
qu’aux heures de classe. Une surveillance
occulte pesait sur toutes les divisions, et on
se défiait de ses moindres actes. Reine elle-même
n’osait pas se risquer à courir comme
auparavant. Les jeunes filles atteignant leur
seize ans, dispensées de la surveillance
d’une sous-maîtresse, faisaient leurs devoirs
dans leurs chambres et conservaient la faculté
de se rendre des visites : elles n’en
usaient pas, ayant remarqué que dès leurs
premiers pas hors de chez elles, une servante,
ou même un serviteur ne les perdait
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