Page:Tardivel - L'anglicisme voilà l'ennemi - causerie faite au Cercle catholique de Québec, le 17 décembre 1879, 1880.djvu/15

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vocable n’a jamais existé et je ne vois pas pourquoi on ne se servirait pas du mot « conseiller » qui est français. La « collection » du revenu n’est pas français ; c’est perception qu’il faut. Le verbe « collecter, » si toutefois il est français, signifie : faire une collecte, et non « percevoir » un impôt, une dette. Par une contradiction assez singulière, « collecteur » est un vieux mot français qui s’employait autrefois à peu près dans le même sens que nous l’employons aujourd’hui. « Des travaux en contemplation » ou « contemplés » pour « des travaux projetés » est un anglicisme incompréhensible qu’on rencontre pourtant souvent. « Contracteur » n’a pas même le mérite d’être un mot français, c’est « entrepreneur » qu’il faut dire. « Qualifié à faire une chose » pour « être capable de le faire, avoir les qualités nécessaires pour la faire, » est une locution qu’il faut éviter avec soin. « Complétion » comme « contracteur » n’est pas français du tout et doit être remplacé par parachèvement ou achèvement, ou quelquefois par le verbe compléter avec une périphrase. Ne disons jamais « une disgrâce » pour « une honte, » et encore moins « disgracieux » pour « honteux. » « Demander une question » — To ask a question pour « poser une question » est une expression, si non honteuse, du moins très-disgracieuse et fort incorrecte. « Les députés de l’autre côté de la chambre, » est un non sens. Il faudrait au moins dire : « Les députés qui siègent de l’autre côté de la chambre, » mais « les députés de la droite et de la gauche » serait plus français et plus élégant. Le mot « avancé » n’est pas français dans le sens « d’assertion. » « Vous pouvez dépendre » — you may depend pour « vous pouvez être certain, » ne devrait se dire