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À NOS COMPATRIOTES.

Enfin, si nos concitoyens voulaient bien nous permettre de le dire ici en toute simplicité, nous ajouterions que notre motif dominant, à mes amis et à moi, en cette entreprise, c’est le motif religieux qu’un vrai Canadien ne doit jamais séparer du motif national. Certes, nous avons bien des raisons d’aimer et de chérir notre belle langue : mais, entre autres et surtout, nous avons celle-ci, savoir : que pour les Canadiens-français comme pour tout peuple catholique, du reste, la langue maternelle est invariablement le meilleur véhicule des premiers enseignements de la Foi que nous devons à nos bonnes mères et à nos dévoués Curés. C’est elle qui nous aide le mieux à conserver les précieuses traditions de la famille chrétienne ; toujours, dans le cours de la vie, elle arrive à nos oreilles comme tout imprégnée de l’esprit chrétien et chargée pour ainsi dire des plus doux et des plus touchants souvenirs de l’enfance. Sa puissance sur une âme bien née ne le cède en rien à celle d’une mélodie sacrée. Dès lors, on comprend la sagesse toute divine de l’Église dans le zèle qu’elle met à instruire les peuples dans leurs propres langues ; on comprend la raison des travaux si pénibles et si longs auxquels se livrent partout les missionnaires pour instruire même des tribus barbares dans leur idiome particulier. On comprend