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OU RECUEIL D’ÉTUDES

Le léger correspondant peut sauter par-dessus cet abîme, tant qu’il lui plaira ; mais qu’il n’oublie pas que l’Église est trop pesante pour qu’il la puisse porter avec lui dans cette sorte de gymnastique. Il y a bien d’autres abîmes que les écrivains de l’Électeur ne voient pas, ou feignent de ne pas voir. Molière, en effet, a eu raison de dire que

Tout esprit n’est pas composé d’une étoffe
Qui se trouve taillée à faire un philosophe.

Nous pourrions peut-être, avec plus de justice que de malice, retourner au correspondant les autres vers par lesquels il termine si lestement :

Mais j’aimerais mieux être au rang des ignorants
Que de me voir savant comme certaines gens.

Les écrivains de l’Électeur devraient, une bonne fois pour toutes, prendre la résolution de ne pas traiter les questions graves auxquelles ils n’entendent rien du tout. Voilà deux fois de suite qu’ils s’embourbent misérablement. Car, on se le rappelle, ils nous ont accusé naguère d’avoir émis une énormité au sujet de l’éducation, et nous leur avons prouvé que ce qu’ils appelaient une énormité est l’enseignement de l’Église ! Ils en sont encore tout abasourdis.

Pendant que nous en sommes à parler des loteries, nous dirons que l’idée d’une loterie provinciale, organisée en permanence, ne nous plaît guère ; car une chose peut ne pas être immorale et cependant n’être pas du tout désirable.


27 mai 1882


Le Nord condamne, en des termes excessivement violents, l’honorable M. de Boucherville, pour s’être opposé au projet de loterie soumis à la législature ces jours derniers.