Page:Tardivel - Mélanges, Tome I, 1887.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
182
MÉLANGES

10 juin 1882.


Est-ce que M. Nantel, rédacteur du Nord, voudrait bien nous prêter un moment d’attention ? Ce brave jeune homme, on le sait, a dit toutes sortes d’injures à l’honorable M. de Boucherville parce que celui-ci n’a pas approuvé le projet de loterie nationale. Pour qualifier la conduite de l’honorable conseiller législatif, M. Nantel a déployé un luxe d’épithètes vraiment extraordinaire ; au point que ses propres amis ont trouvé son langage excessif. Le rédacteur du Nord revient à la charge et dit qu’il s’est laissé emporté par une sainte colère, que M. de Boucherville méritait bien les injures de bas étage que le Nord lui a lancées.

L’idée de ne point approuver le projet de loterie nationale ! C’est d’une audace incroyable !

Très bien ! Mais voici quelque chose qui nous intrigue. M. Beaudry, maire de Montréal et conseiller législatif, s’est opposé, lui aussi, au projet de loterie ; et tandis que M. de Boucherville a été très-digne et très-calme dans ses remarques, M. Beaudry s’est montré d’une extrême violence : il a parlé d’immoralité, etc., etc. Et cependant le Nord n’a pas trouvé un mot de blâme à son adresse ; il réserve toutes ses fureurs pour M. de Boucherville !

Il est vrai que M. Beaudry est un chaud partisan de M. Chapleau, et qu’il a voté pour la vente du chemin de fer du Nord. Mais ce ne doit pas être là ce qui empêche M. Nantel de « l’abîmer, » car on connaît la sincérité et la stricte impartialité de notre confrère.

Tout de même, on se demande pourquoi il s’est montré si coulant envers M. Beaudry et si violent envers M. de Boucherville. C’est un de ces mystères du journalisme indépendant, dans lesquels il n’est pas permis aux profanes de pénétrer.